Simiane la rotonde 2010

Une création our Simiane la rotonde :

Depuis 15 ans, après un parcours qui  part des beaux-arts de Paris vers les terres noires des Hautes-Alpes où elle vit désormais,.Paule Riché explore les possibilités de l'encre de Chine sur du papier de riz.

Sa rencontre avec la rotonde de Simiane n'est pas fortuite. Paule Riché aime la Provence, et les vieilles pierres. Après Salagon où elle disposa quelques grands kakémonos dans le prieuré, la voici dans ce lieu plein de mystère occupant les 11 niches de la rotonde.
Sa démarche est toujours de peindre pour et dans un lieu. Les encres exposées sont donc conçues et élaborées pour la rotonde. Selon quels critères, quelle logique ?

Il était important pour elle de prendre en compte le nombre des arcatures : 12. Toute une symbolique s'attache à ce chiffre, mois de l'année, heure du jour, nombre des apôtres, etc. Le lieu n'ayant a priori aucune destination ni passé religieux, Paule Riché privilégia une symbolique du cycle : les onze peintures s'adjoignent le tableau formé par le paysage entrevu par la porte d'entrée, et  ces douze images matérialisent ainsi une sorte d'accomplissement, un trajet dans l'espace, par la rotation du regard de la première à la dernière, et dans le temps, par la progression d'une même thématique évoluant du clair aux foncé, ou à l'inverse selon le sens de rotation.

La première, la porte ouverte, est un paysage coloré : la nature, le monde, source d’inspiration. Les suivantes n'imitent pas la nature ; en noir et blanc, et décollées du mur, elles donnent vie à une matière flottante au gré des courants d’air, sensible, fragile, en accord avec le bâtiment par les couleurs ; elles nous font voir ce que nous ne voyons pas dans la nature. Si la première est une porte qui s'ouvre vers l'extérieur, chacune des autres est un passage vers l'intérieur, dans la subjectivité du spectateur, qui peut donc construire son interprétation.

« La clé et sur la porte » semble nous dire Paule Riché : entrez, faites le pas, prenez le temps, regardez longuement. La peinture est un seuil qui ne prend sens qu'au franchissement, la peinture appelle, réclame ce passage qui transforme le spectateur en acteur.
Il y a dans ce lieu la conjonction d’un présent éphémère et d’un passé qui s’impose majestueusement et durablement : un point commun cependant, le mystère de la création et la parenté d’un coup de pinceau avec l’élan d’une nervure de la coupole millénaire.
                              

 François Rousseau juin 2010